Entrevue avec l'ambassadeur Joey Hood avec La Presse

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Jun 03, 2023

Entrevue avec l'ambassadeur Joey Hood avec La Presse

SEM Joey Hood, ambassadeur des États-Unis à Tunis à La Presse : Aujourd'hui 28 août, les États-Unis et la Tunisie célèbrent le 226ème anniversaire de la signature du Traité de Paix et d'Amitié conclu

SEM Joey Hood, ambassadeur des États-Unis à Tunis à La Presse :

Aujourd'hui, 28 août, les États-Unis et la Tunisie célèbrent le 226e anniversaire de la signature du Traité de paix et d'amitié conclu en 1797. La Tunisie a été parmi les premiers pays à reconnaître les États-Unis nouvellement indépendants. Un acte rendu en retour par les États-Unis, qui furent la première puissance mondiale à reconnaître l'indépendance de la Tunisie en 1956. Nos deux pays entretiennent depuis de solides relations diplomatiques et économiques et partagent un lien particulier. A cette occasion, SE Joey Hood, ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, revient sur le passé et envisage l'avenir.

Votre Excellence, revenons sur l'histoire des relations tuniso-américaines. Et elle est très ancienne en plus. Je ne pense pas que la plupart de nos peuples soient vraiment conscients, que ce soit en Amérique ou en Tunisie, du fait que deux ans seulement après notre indépendance, celui qui allait devenir notre deuxième président (ndlr : John Adams), a publiquement appelé à un traité avec la Tunisie, car la Tunisie était très importante pour le commerce en Méditerranée, la sécurité et la stabilité régionale. Ainsi, en 1797, le 28 août, le premier traité d'amitié et de commerce entre les deux pays fut signé. Et c'est ce que nous souhaitons marquer, commémorer chaque année, afin de nous souvenir de cette longue histoire. Et je pense que vous savez peut-être qu'immédiatement après cela, le Bey a envoyé le premier ambassadeur musulman aux États-Unis, qui parlait parfaitement anglais… En fait, j'ai trouvé une de ses lettres envoyées au secrétaire d'État en 1805, dans dans lequel il a répondu : « oui, nous avons un traité fabuleux, mais il va sans dire que maintenant il serait tout à fait normal que les États-Unis nous soutiennent avec un peu d'aide militaire ». J'ai donc raconté cette histoire à un groupe de la Garde nationale tunisienne ce matin, pour qu'ils sachent eux aussi que notre coopération en matière de sécurité remonte à 1805. C'est incroyable. Mais au-delà de cela, on sait par exemple qu’un de mes prédécesseurs a demandé au Bey : « Comment avez-vous fait pour abolir l’esclavage ? À l’époque, nous nous déchirons, en fait, nous menons une guerre civile. Nous recherchions donc vraiment l'avis du Bey, qui a été très utile et très apprécié par le Président des USA. À plus long terme, bien sûr, l'indépendance de la Tunisie et la période précédant la Seconde Guerre mondiale ont marqué les relations entre nos deux pays. Cette période particulière est pour moi d'autant plus personnelle que mon grand-père servait à Bizerte. Et il a travaillé en très étroite collaboration avec les Tunisiens, chargeant et déchargeant les différents navires militaires destinés à ravitailler les troupes partant à l'époque libérer l'Italie. Mon grand-père m'avait toujours raconté ses expériences en Tunisie et j'ai grandi avec ses histoires sur ce pays. Et ainsi, même après cela, nous retrouvons l'histoire de Fahad Hached, invité aux États-Unis pour parler et élever la voix du peuple tunisien devant le monde entier. Il a été invité par un groupe de syndicats américains. Je pense que c'était en 1952. Puis est arrivée l'indépendance, hamdoullah, nous avons été le premier pays, c'est-à-dire parmi les grandes puissances, à reconnaître l'indépendance de la Tunisie et aussi à recevoir Bourguiba en visite d'État. Alors Bourguiba, le Combattant suprême, a décidé que nous allions être le partenaire de choix en matière de sécurité. Et c'était très astucieux. Parce qu’il voyait venir le jour où les États-Unis seraient le partenaire militaire dominant et aussi le plus avancé technologiquement. Et il a également constaté que les intérêts des États-Unis et des Tunisiens étaient plus ou moins les mêmes : la stabilité régionale, la sécurité de la Tunisie, le développement économique, le développement démocratique – tels sont les piliers qui régissent encore aujourd'hui nos relations bilatérales.

Est-ce également ce qui a donné naissance à une coopération économique bilatérale ? Absolument. Au début, nous avons construit l'aéroport de Tunis-Cartage, le barrage d'Oued Nabhana, pas mal d'autoroutes, de ponts, etc. Ces jours sont révolus. Vous n'avez plus besoin de nous pour réaliser de gros travaux. Vous avez vos entreprises, vous avez vos ministères, et ainsi de suite. Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est essayer de valoriser les ressources humaines tunisiennes, et je crois qu'il s'agit d'une ressource renouvelable qui ne peut s'épuiser, c'est pourquoi vous pourrez voir la plupart de nos activités lors de mes déplacements dans les régions. C'est un métier qui s'adresse également aux PME, notamment dans le secteur des énergies renouvelables, du tourisme, de l'artisanat, etc. Au cours des quatre dernières années, le gouvernement américain a aidé plus de 53 000 petites et moyennes entreprises tunisiennes à augmenter leurs ventes de plus de 610 millions de dollars et à créer plus de 56 000 nouveaux emplois.